Contrat de rivière
  C. La Charte du contrat de rivière Attert
  7. objectif: Veiller à une gestion forestière du fond de vallée mieux adaptée aux conditions
 
 

Constat

La forêt représente 38% de la surface totale du bassin versant soit 118,2 km2. Les feuillus occupent 48% de la surface forestière du bassin versant, les conifères 17% de la surface forestière du bassin versant, les forêts mixtes 35% de la surface forestière du bassin versant (modifié d’après Chaoui, 1996).

Dans les forêts communales et domaniales, la proportion de forêt feuillue et résineuse est de 75%-25%. Elle est en général moins élevée chez les privés où le résineux est l’essence prépondérante car ayant un rendement supérieur à court terme.
Le hêtre est l’essence feuillue dominante. Elle occupe environ 56% de la surface boisée. Le chêne et l’épicéa ont à peu près la même superficie soit respectivement 20 et 18%. Les pins et les mélèzes représentent 6% de la surface boisée.
La forêt est essentiellement située sur le plateau ardennais (au Nord) ainsi que sur le grès de Luxembourg ou grès sinémurien (au Sud). Le fond de vallée proprement dit est peu boisé.
L’aulnaie alluviale (habitat prioritaire de l’annexe 1 de la directive européenne Habitats) est très rare. Constatons également qu'il existe une très forte différence de localisation de la forêt suivant les affluents de l’Attert concernés.

Les forêts feuillues actuelles du bassin versant sont en règle générale âgées (plus de 120 ans pour le hêtre) et souvent du même âge (futaie équienne), ce qui constitue un handicap à long terme. En effet, la période d’exploitation du bois mature risque d’être fort semblable pour de nombreuses futaies ce qui va entraîner de vastes coupes d’éclaircie ainsi que d’importants quartiers de régénération.

Au point de vue sanitaire, la situation a évolué très défavorablement depuis 1985 où on avait 79% d’arbres sains alors qu’en 1995 ce chiffre est tombé à 32% ! Ces données sont valables pour toutes les espèces confondues. Si on s’intéresse maintenant aux deux grandes familles que sont les résineux et les feuillus, on constate que les feuillus sont dans un bien plus mauvais état sanitaire (17% d’arbres sains en 1995) que les résineux (59,8%). Ceci s’explique partiellement par le fait que les résineux sont en général plus jeunes que les feuillus. Ce dépérissement est dû principalement à deux facteurs à savoir la pollution de l’air et les facteurs climatiques. L’aptitude stationnelle peut également jouer un rôle. Une mauvaise adéquation entre le type de sol et l’essence forestière peut aggraver la situation sanitaire d’une futaie.

Les plantations denses de résineux le long de l’Attert ont un effet négatif sur la biodiversité des berges et du cours d’eau, essentiellement à cause du manque de lumière qui arrive au sol ou dans l’eau.


Problèmes et propositions de solution

Problème 1
Plantation d'espèces ligneuses peu aptes aux fonds alluviaux (épicéas, peupliers le long des berges, …).

Plantations et/ou régénérations d'espèces adaptées aux fonds de vallée (aulne, saule, frêne, …), suppression à long terme des espèces inadaptées.

Problème 2
Méconnaissance des forêts alluviales encore présentes dans la vallée de l'Attert.

Inventaires et plans de gestion en vue de la protection, de la restauration et de la gestion de ces milieux alluviaux.

Problème 3
Absence de lisière forestière favorisant le chablis et les maladies des arbres situés en limite de parcelle forestière sur les versants et dans le fond de vallée.

Création de lisières forestières profondes bien structurées des forêts de versant et de fond de vallée. Les lisières augmentent également la diversité des forêts, améliorent la qualité des paysages et le maillage entre biotopes.

Problème 4
Absence de bois mort ainsi que d'arbres morts en forêt de versant et de fond de vallée.

La présence d’arbres et de bois mort est indispensable aux espèces liées au recyclage de la matière organique (insectes, champignons, …), phase ultime de l’évolution d’un arbre ce qui maintient les grands équilibres biologiques de la forêt. Diverses espèces utiles sont également liées aux arbres morts tels que certains insectes xylophages, les pics, des chauve-souris, la martre des pins, … Une gestion forestière garantissant ces objectifs devrait être mise en œuvre dans la vallée de l’Attert.

Problème 5
De nombreuses forêts feuillues sont relativement âgées tout particulièrement au Grand-Duché de Luxembourg, ce qui pose des problèmes de gestion forestière, de même que les variations climatiques actuelles (tempêtes, sécherresse).

Dans la plupart des forêts feuillues de hêtre du bassin versant, il y a lieu de pratiquer la régénération naturelle en futaie jardinée afin de renouveler quelque peu la forêt et de diversifier les classes d’âge.
L’évolution défavorable de la forêt pourrait être éventuellement minimisée par l’augmentation de la diversité spécifique, c’est-à-dire en favorisant un plus grand nombre d’espèces différentes (exemples : le frêne commun, l'érable sycomore, le charme, …) ainsi que les peuplements mixtes.
Veiller à la mise en oeuvre d'une sylviculture du fond de vallée qui soit mieux adaptée aux modifications climatiques à long terme (choix d'essences adaptées, coupes d'éclaircie, …).





Page précédente