Contrat de rivière
  C. La Charte du contrat de rivière Attert
  1. objectif: Diminution de l'impact des crues et des inondations
 
 

Constat

Lors des fortes pluies, la vallée de l’Attert proprement dite est directement touchée par les inondations ainsi que ses affluents. La Roudbaach a par exemple des débordements souvent importants.

Les crues du début des années 1990 ont été ressenties par la population comme particulièrement graves. Or, les relevés limnimétriques sur l’Attert, de même que sur l’Alzette, montrent clairement que ces hauteurs d’eau ont été atteintes à de multiples reprises depuis les années 1950. Cependant, depuis le début des années 1980, les fortes crues ont été particulièrement nombreuses par rapport aux trois décennies précédentes.
L’augmentation du nombre de débordements des cours d’eau a souvent des origines multiples telles que l'anthropisation des bassins (modification de l’occupation du sol), ou encore le changement climatique, … Le substrat géologique, la morphologie et l’occupation du sol d’un bassin versant, de même que la climatologie, agissent en effet directement sur le fonctionnement hydrologique d’un cours d’eau.

La géologie du bassin de l’Attert est assez contrastée, avec en rive gauche une alternance de schistes, de marnes et de grès bigarré, et en rive droite un substrat essentiellement marneux. La morphologie du bassin est caractérisée par une forme très allongée.
Les substrats imperméables, tels que les marnes, exercent une influence primordiale sur le régime hydrologique de l’Attert et de ses affluents et ne font qu’amplifier les effets des variations interannuelles de la pluviosité. En effet, l'écoulement de surface intervient largement en cas de pluie sur ces substrats et contribue ainsi d’une manière décisive à la genèse d’importantes crues.
On constate également des étiages plus prononcés surtout en amont (Attert, …) où les débits deviennent parfois très faibles en été. Une partie des captages de l'Attert servent à approvisionner le nord du pays en eau (régions de Wiltz et de Clervaux).


Problèmes et propositions de solution

Problème 1
En cas de fortes pluies, important écoulement de surface lié à la géologie du bassin versant ainsi que la progression rapide des ondes de crue sur les affluents et sur l’Attert elle-même.
Solution :
Mises en œuvre de mesures destinées à limiter les phénomènes de ruissellement (mesures agri-environnementales, incitants au reboisement, …).

Problème 2
Crues importantes à Attert, Post, Nothomb, Grendel, Ell, Redange, Useldange, Boevange, Bissen et Colmar-Berg principalement dans la partie aval de l'Attert.
Solution :
Etudes des mesures envisageables qui pourront contribuer à une limitation des crues en aval : renaturation de l'Attert par endroits vers l'amont et certains de ses affluents afin d'augmenter la rétention et par conséquent la capacité des zones naturellement inondables en dehors des zones d'habitat.
Actions et aménagements ponctuels situés exclusivement dans les localités en vue de « permettre un meilleur écoulement de l'eau ».

Problème 3
Apports importants d'eaux de ruissellement des grandes surfaces imperméablisées (exemples : les routes nationales, les parkings, …).
Solution :
Veiller à l'installation de retenues en vue de réguler les apports liés à ces surfaces.

Problème 4
Pics de crues qui se superposent au niveau de la confluence des affluents de l'Attert (exemples : la Pall et le Roudbaach).
Solution :
Le décalage des pics de crue pourra être envisagé entre autres en retenant une partie de l'eau de crue dans les sous bassins (à confirmer par une étude). Citons à titre d'exemple les mesures qui peuvent être mises en œuvre à cette fin :
renaturer certains cours d'eau (exemples : la Pall et le Roudbaach qui ont été fortement curés et rectifiés par endroits) de manière à rendre au fond de vallée sa fonction de zone inondable;
favoriser la ripisylve (saules et aulnes) le long des berges afin d'augmenter le coefficient de rugosité, ce qui permet de freiner l'eau sur son passage;
installer des limiteurs de crues.

Problème 5
Crues liées à un mauvais aménagement du territoire (exemple : le petit vallon du Schaedgrond à Redange).

Solution :
Encouragement aux prairies permanentes et/ou temporaires, plantations de haies, limitation du compactage des sols, …

Problème 6
Crues sur les affluents (exemple : le Roudbaach).

Plantations d'arbres indigènes adaptés (saules et aulnes) le long des berges afin d'augmenter le coefficient de rugosité;
Renaturation de certains secteurs et libre écoulement de l'eau en milieu urbain.

Problème 7
Manque d'information de la population riveraine et de collaboration entre administrations concernées tout particulièrement au niveau transfrontalier.

En cas de crues et/ou d'aménagements, veiller à informer la population et permettre une meilleure concertation entre administrations (communes, administrations de l'Etat, associations, …). Bien qu'il existe un plan d'alerte au Luxembourg (protection civile, commune et pompiers), celui-ci devrait pouvoir s'étendre sur l'ensemble du bassin versant.

Problème 8
Manque de données hydrologiques sur l'ensemble du bassin versant de l'Attert empêchant la mise en œuvre de mesures mieux adaptées dans la lutte contre les crues.

Poursuites des mesures hydrologiques durant trois ans afin d'estimer les volumes de crue pour des pluies à longue période de retour. Importance pour le dimensionnement des aménagements de protection contre les crues.

Problème 9
Imperméabilisation des surfaces urbanisées avec augmentation des phénomènes de ruissellement.

Inventaire des surfaces imperméabilisées, mesures de déimperméabilisation de ces surfaces, sensibilisation de la population et des administrations communales aux techniques alternatives de surfaces de recouvrement plus poreuses.

Problème 10
La forêt occupe 38% de la superficie du bassin versant, l'agriculture 60%. Bien que les surfaces agricoles favorisent les phénomènes d'écoulement de surface, notons que le pourcentage de surface forestière est assez élevé mais peut varier fortement d'une commune à l'autre.

Favoriser le reboisement ou le boisement spécialement dans les communes à faible superficie forestière (exemple : Ell et Useldange, 12%) et éviter la dénudation hivernale des champs de labour.

Problème 11
Implantations d'habitations en zone inondable avec comme corollaire des dégâts aux constructions.

Délimitation de zones inondables non constructibles limitant ainsi les risques d'inondation. Ces mesures sont ou seront d'application au Grand-Duché de Luxembourg. Une approche semblable est envisagée en Belgique.


Problème 12
Etiage prononcé avec comme conséquence une augmentation des concentrations en polluants.

Soutien d'étiage, par le maintien d'un débit des sources et des limitations quant à l'utilisation des captages en période d'étiage.

Tout en tenant compte des législations existantes, limitation du prélèvement d'eau dans l'Attert et ses affluents en période d'étiage.





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